Caminando

Voilà un rêve pour moi qui vient de se réaliser.

Je me souviens que la  première fois que je suis venu ici, Romain et Christelle étaient parties dans cette voie et qu’ils en étaient revenu enchantés.

Je suis déjà venu de nombreuses fois ici et jamais je n’ai voulu aller dans Caminando. Pourquoi? C’est dur à dire mais je pense qu’il y a plusieurs raison à cela: 

1. Une forme d’anti conformisme. En effet c’est la voie classique du coin, celle pour laquelle les gens viennent. 

2. Une forme de respect pour ce chef d’oeuvre: une si belle voie mérite d’être grimpée avec le plus d’élégance et de plaisir possible.

3. Une forme de peur: face à l’ampleur de la paroie, à la technicité des longueurs et à l’engagement de celles-ci.

En gros, pas mal d’excuses pour justifier toutes ces années à tourner autour!!!!

La voie est comme il a été écrit, MAJEUR!!!!

Il n’y a rien à jeter et tout y est. Ampleur, qualité de caillou, ambiance, approche longue, exigence de la grimpe, qualité d’équipement. Tout est réunit pour en faire un chef d’oeuvre.

La longueur clef en 7a+ est époustouflante. Digne des plus belle ligne de Ceuze avant la patine!!!

Les longueurs faciles sont de toute beauté. Un grain incroyable propre aux Wenden. Je n’ai retrouvé que quelques fois ce touché de caillou si magique ( Marmolada, Sanetsch…).

Au final, une voie accessible en terme d’engagement. L’équipement est, pour moi, dans ce qui se fait de mieux: obligatoire mais pas dangereux si on maitrise le niveau requis. Juste de quoi rajouter encore un peu de saveur à cette escalade.

Je suis heureux d’avoir attendu aussi longtemps pour faire cette voie. Elle était un peu mon graal qui me poussait à venir et revenir ici. Comme une excuse chaque année pour aller faire ses gammes en calcaire afin d’arriver dans cette voie en forme sur les pieds, les bras et la tête. 

Curieusement, on ne peut pas dire que je sois en forme. Beaucoup de choses ont changés avec les années et l’arrivé de Mathis. Mais l’envie de grimper est toujours là. Ce qui manque le plus, ce n’est pas le temps, ni la motivation, ni la forme. C’est les copains motivés et motivants. C’est dur de voir toutes ces belles choses qui se font, toutes ces belles personnes qui ont l’air d’avoir une bonne team pour aller en montagne.

Pour moi, cela est fini. A une époque je croyais à l’esprit de cordé, au bonheur de partager des moments incroyables avec un pote mais au fur et à mesure des années, j’ai eu de grosses désillusions, de grandes tristesses. Maintenant, je suis seul avec moi même et mes projets. Vision égoïste et auto centré de la pratique. Bien sûr, je cherche toujours à partager de bons moments mais cela n’est plus la finalité. J’ai critiqué le milieu des grimpeurs, j’ai été désagréable avec mes compagnons de cordées, j’en paye aujourd’hui les frais. Mais à quel prix.

Cette voie m’a amenée à cette réflexion. Tout ce chemin parcouru depuis mon premier passage ici.

Toutes ces personnes à qui j’ai voulu faire découvrir les Wendens et que maintenant je ne vois plus.

Aujourd’hui je suis triste et lasse de tout cela. Bien sur, je suis le seul responsable.

Après la réalisation de quelque chose qui nous tient à coeur, nous avons souvent un sentiment de vide ou la peur de la finitude. Avec l’enchainement de cette voie, je me suis demandé si je reviendrai aux Wenden, et si oui, pour quelle voie. Après avoir ré-ouvert le topo, je me rend compte qu’il y a encore pleins de voies qui me font rêver ici!!!!

Me voilà rassuré, j’ai encore pas mal d’excuse pour revenir dans ce coin si chère à mon coeur!!!